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Livre de bord (suite): Mahon / Palamos (Espagne)

 

 

Samedi 24 août 02

Nous avions décidé avec Anne et Fred de ne pas traîner à Mahon. Pour arriver plus tôt à la maison, j'aurais pris l'avion pour le retour.

Malheureusement la météo n'est pas de la partie. Les météofax ne sont pas encourageants, la perturbation finit par arriver, il pleut. C'est d'ailleurs la première fois depuis le départ à Toulon que l'on croise la pluie. La météo prévoit au moins 5 jours de mauvais temps, avec un régime de NW donc forte Tramontane à l'arrivée mais aussi une fois de plus un vent dans le pif, c'est désespérant. Moi qui voulais rentrer tôt, c'est pas gagné. Je file en annexe au centre ville pour me renseigner dans une agence de voyage sur les vols pour Paris. Le trajet Mahon/Paris n'existe pas, il faut passer par Barcelone avec un départ tous les matins. Mahon/Barcelone environ 106€ et Barcelone/Paris 430€. C'est un peu cher pour gagner quelques jours mais surtout je n'avais trop envie de lâcher Anne et Fred si loin de l'arrivée. A mon retour de la ville, les nouvelles sont meilleures, Fred à pu joindre Jacky à St Cyprien, celui-ci pense que si l'on part assez rapidement la traversée et jouable (sources météo d'Internet). Nous décidons du départ dans l'après-midi vers 17 h 00.

Nous croisons ZEN, un concurrent de la Route du Jasmin qui viens d'arriver à Mahon depuis la Tunisie après une escale à Carloforte en Sardaigne côte ouest. Comme nous ils repartent dans l'après-midi. Philippe ne sait toujours pas s'il part lui aussi. Donc au mieux nous serions 3 voiliers sur la même destination.

La pluie s'arrête, le soleil reviens mais la masse d'air est instable et orageuse. Vers 14 h 00 nous subissons un orage violent puis tout reviens dans l'ordre.

Vers 16 h 30 nous quittons le ponton pour faire le plein puis nous descendons le chenal à la voile. Vers 18 h 00 nous arrivons en mer. Les conditions sont satisfaisantes, la houle n'est pas excessive. Nous longeons les côtes vers le Nord, rien à signaler.

Vers 20 h 00 nous apercevons derrière nous des cumulonimbus caractéristiques d'un orage qui est en train de nous rattraper. A 23 h 30 le front orageux est sur nous, le vent commence à forcer, la mer à se lever. Les premiers éclairs zèbrent le ciel.

Fred est à la barre, le génois est roulé à 70%, 1 ris dans la grand voile. L'orage monte en puissance, en fait ce que l'on pensait être un orage isolé est en fait un front orageux qui est en train de nous doubler, on voit des éclairs tomber dans l'eau à perte de vue, la mer se lève encore, Fred nous enferme à l'intérieur pour éviter les entrées d'eau. Je ne suis pas rassuré de laisser Fred seul, Anne encore moins mais nous n'avons plus le choix. De l'intérieur nous ne voyons plus Fred et le bruit assourdissant des déferlantes, du vent dans les haubans, du bateau qui tape la mer, des objets divers qui commencent à se déplacer à l'intérieur nous empêche maintenant de l'entendre. Le vent monte encore jusqu'à 55 Kt dans la survente. J'ai de la peine à me tenir à la table à carte. Fred me demande de faire le point, la direction est bonne, la vitesse du voilier astronomique. Le voilier qui allait de 5 à 7Kt accélère toujours. Les accélérations sont marquées par le bruit caractéristique de l'hélice qui prend des tours. Dans le plus fort de la tempête le voilier fait des pointes soutenue à 10 Kt au Gps. Pendant ces 10-15-20 secondes de sur-vitesse le bruit est particulier, l'eau bouillonne au passage de la coque dans un chchchiii caractéristique. Le vent tourbillonne maintenant pour changer brutalement de direction entraînant un violent empannage. A l'intérieur nous pensons que le mât est tombé. Je hurle à la porte pour avoir des nouvelles de Fred, il nous rassure, visiblement rien de cassé. Maintenant les éclairs tombent partout autour de nous dans la mer, la nuit en est éclairée.

Fred doit aller sur le pont, dans la violence des vagues l'étai largable s'est détaché et fouette tout ce qu'il rencontre. Je sort pour prendre la barre avec une certaine appréhension, j'ai du mal à trouver mes repères, j'ai surtout peur de ne pas arriver à tenir le cap et risquer un nouvel empannage. En 5 mn Fred à résolu le problème et vient prendre ma place. Ces 5 mn ont suffi à me rendre malade. J'étais surpris d'ailleurs de n'avoir aucun symptôme jusqu'alors.

L'orage dure jusqu'à 1 h 30 du matin, maintenant c'est la pluie qui tombe à flot. Elle continuera de tomber jusqu'à 9 h 00 le matin. Fred est épuisé et trempé. En milieu de nuit le vent tombe il faut repasser au moteur. Je remplace Fred vers 6 h 30 mais je ne suis pas du tout en forme. Vers 10 h 00 je me fais remplacer car ça ne va pas du tout. La houle est forte, elle s'accentue encore en milieu d'après-midi pour atteindre environ 4m. Nous sommes obligés de l'attaquer de 3/4 avant, c'est très inconfortable.

Nous arriverons à Palamos vers 21 h 00. Pas trop de casse dans l'ensemble :  une poulie au pied de mât arrachée.

Le voyage s'arrêtera là pour moi, le lendemain je prendrais le bus pour Gerona puis le train pour Cerbère puis Paris.

Fred et Anne arriverons à St Cyprien deux jours après.

FUGUE a réalisé le tour de la Méditerranée occidentale en 1mois et 1700 Nm.

 

 

 

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